Marc Desaubliaux est l’auteur de 8 livres, dont 7 romans. Son premier écrit a été composé en 1978 et s’intitule « Journal du désespoir ». Déjà à ses débuts, l’auteur aimait dépeindre l’absurdité du protocole et la différence de ses personnages masculins. L’artiste lui-même admet s’inspirer de sa propre vie et de ses expériences pour nourrir ses travaux. Ce passionné de musique et de la peinture transmet de son essence dans ce roman aux accents qui sembleront familiers pour la bourgeoisie parisienne. Pourtant, les évènements clefs de l’intrigue n’ont pas lieu dans le présent, mais bien dans les années 70.
En réalité, « Un homme sans volonté » suit de très près son personnage principal, Louis Puissonier-Tavernier, fils issu d’une bonne famille riche et privilégiée, dans les quartiers huppés de Paris. Cet amour de la capitale, Marc Desaubliaux le met à l’honneur dans des chapitres vivants, qui plongent le lecteur dans un souvenir nostalgique et embelli par une tendresse visible. Ses influences éclectiques, dont les romanciers russes se ressentent par de nombreuses références plus ou moins cachées avec des noms qui font écho à Barbey d’Aurevilly ou bien à la culture russe. On suit l’enfant Louis, qui se mue en adolescent, puis en homme. Cela implique la prise de conscience de soi, l’éveil de la sexualité, l’intérêt pour les arts comme la musique et la peinture. Parmi les multiples messages et avertissements que semble dissimuler Marc Desaubliaux, une idée persiste : « il ne suffit pas d’être doué pour réussir, il convient aussi d’agir pour concrétiser cette motivation et lui donner un corps. » La notion de l’âme est traitée dans ce livre sous un angle qui n’est pas tant spirituel, mais fortement axé sur la psychologie.
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Pour ma première lecture d’un roman de Marc Desaubliaux, « Un homme sans volonté » est une agréable découverte. L’auteur présente une approche originale de l’existence d’un privilégié, qui a pourtant l’essentiel pour bien débuter dans la vie, mais qui peine à s’envoler. Ce drame « ordinaire » se dévoile grâce à une plume classique et sans effets pompeux. L’écrivain cherche à aller droit au but, sans passer par des détours de style qui rendraient son propos lourd et indigeste. Bien au contraire, certaines scènes s’imprègnent du théâtre, avec simplement des lignes de dialogue. Dans ce tableau morne où le personnage principal s’ennuie, l’amour éveille en lui des pulsions qui agissent à la manière d’un défibrillateur. Et pourtant, il lui sera complexe de faire un choix entre les femmes : Carole-Anne ou Jeanne, son cœur balance. En définitive, sa vie sentimentale est à l’image de son existence tout court : un genre de match où la balle ne fait que rebondir d’un camp à l’autre, sans jamais qu’un des deux remporte la victoire.
Le livre « Un homme sans volonté » est une expérience certes dense, mais parfaitement organisée, à la forme éclectique et changeante. Parfois, le lecteur se confronte à des lettres, en possession d’un témoignage véritable et véridique. Cette œuvre qui débute à la première personne sur un ton intimiste se détache, comme si Louis avait décidé de raconter son chemin en prenant de la hauteur. Le texte et son auteur sont indissociables l’un de l’autre : nous ramenant à la question « doit-on distinguer l’artiste de son œuvre ? » Ce drame s’inscrit dans un schéma proche de la littérature française traditionnelle, en soulevant de nombreux thèmes centraux, abordés depuis longtemps dans le paysage culturel. Par exemple, on y retrouve un peu de Marcel Proust : un classique magistral marquée par la jalousie, l’amour, les correspondances, l’enfance…
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Est-ce si grave de laisser la vie s’écouler, sans oser s’impliquer ? Les conventions sociales estiment que oui et leur rôle est déterminant dans l’intrigue de ce récit de vie. Louis Puissonier-Tavernier est la figure du « dommage », d’un gâchis de potentiel qui effraie tant la bourgeoisie, obnubilée par le chemin tracé. La recherche de soi élève intellectuellement, mais l’insécurité plonge les esprits les plus fragiles dans le désarroi. Quel est le bilan pour Louis ? Pour le découvrir, il sera important de lui suivre du début à la fin : de ses jeunes années à l’âge de la maturité… Oserait-on dire « sagesse » pour un homme qui ne souhaite pas se lancer à l’aventure ? Difficile de juger négativement un personnage comme Louis, qui suscite naturellement l’empathie des lecteurs, grâce à la plume efficace de Marc Desaubliaux.
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